N.B
: Quels effets a eu ce rêve sur vous ?
S. : Au début ça m’a perturbée parce que j’ai senti leur étreinte, j’ai senti leur corps quand ils m’ont prise dans leur bras.
N.B
: Vous les avez sentis physiquement ?
S.
: Ah oui, physiquement, j’ai senti une étreinte. Ils étaient là tous les deux, ensemble. Tous les trois on se tenait, je les avais tous les deux en même temps dans mes bras. Ça m’a perturbée. L’étreinte, c’est sentir physiquement quelque chose. Cette sensation physique est restée toute la journée. J’y ai pensé pendant plusieurs jours après. Ça m’a perturbée une bonne semaine quand même. Sur le coup, je me suis demandé si c’était vrai. Mais oui, pour moi c’était vrai. J’ai réellement senti quelque chose, ce n’est pas une invention ou une machinerie de mon cerveau, c’est vraiment ça. Pour moi, ça a eu un effet positif parce que j’étais contente de les avoir revus. Mais en même temps triste car je les ai suppliés de rester. Ils m’ont dit « On doit s’en aller, on doit repartir ». Ça m’a fait comme une deuxième séparation à gérer. Ça ne m’a pas plu. J’aurais bien aimé rester endormie, ne plus ouvrir les yeux et rester tout le temps avec eux. Ce n’était pas possible. Ça m’a énervée, oui, ça m’a enragée. Mes grands-parents c’était tout pour moi, plus que mes parents qui ne s’occupaient pas de moi. Ils m’ont élevée. Heureusement qu’ils étaient là. Mes grands-parents ne faisaient pas de différences quand il y avait mes cousins, mes cousines. Mais une fois que la porte était refermée j’étais leur chouchoute. C’était mes grands-parents maternels. J’ai des souvenirs, je vois encore ma grand-mère en train de faire des crêpes, j’adorais les crêpes. Elle passait toute l’après-midi devant les fourneaux à me faire des crêpes et des gaufres. On avait nos petites habitudes et puis j’avais le café au lit tous les matins moi, à l’âge de 3 ans, comme une princesse. J’étais chouchoutée. Ils n’avaient pas trop de sous donc ce n’était pas des cadeaux, c’était vraiment des attentions, tout le temps. J’étais vraiment choyée de ce côté-là. Cette maison où j’ai été élevée je la vois encore, j’ai encore le plan, les pièces, tout. Tout est là, je n’ai rien oublié. C’est cette maison dans le rêve. Même le peu que je rêve d’eux, je me retrouve encore dans cette maison même si des fois eux je ne les vois pas. C’est toujours cette maison-là. C’était une vieille maison, il y avait l’eau courante mais il y avait pas encore les sanitaires et tout. C’était une maison des années… je ne pourrais pas vous dire. Avec une grande porte de grange et tout, c’était vraiment la campagne. Mais voilà, je m’y sentais bien.
N.B
: Qu’est-ce qui vous a aidé à intégrer les messages de ce rêve dans votre vie ?
S. : Déjà ce qui ne m’a pas aidé c’est de ne pas pouvoir en parler à quelqu’un qui puisse comprendre ce genre de rêve, de sensations.
N.B
: Vous avez essayé d’en parler déjà ?
S. : Ah bah oui, mais les gens à qui j’ai essayé - comme par exemple mon mari qui est très fermé - je me suis heurtée à un mur. Pour lui, c’était un gros produit de mon imagination. Ce n’était pas possible, enfin vous savez ce genre de choses. Non ce n’était pas possible. Pour lui c’est inconcevable. Donc au bout d’un moment on garde tout pour soi. On n’en parle pas, de peur de passer pour quelqu’un de pas normal. Jusqu’à temps de trouver quelqu’un qui comprend, qui a un peu la même opinion que vous sur ce genre de rêve. Et là, ça fait du bien. Quand même, enfin !
N.B
: De quoi ou de qui auriez-vous eu besoin pour intégrer les messages de ce rêve dans votre vie ?
S.
: De quelqu’un qui y croit comme moi. Déjà j’aurais pu en parler. Mais bon comme j’étais entourée de gens très fermés, mon mari, ses parents ou ma belle-sœur. Tout compte fait oui j’aurais eu besoin de quelqu’un pour parler. Maintenant l’intégrer, pour moi je l’ai vécu comme une visite de mes grands parents parce qu’ils sentaient que je n’allais pas bien. Pour moi c’est ça. Maintenant, il y a peut-être encore d’autres choses dans ce rêve, il faudrait peut-être creuser, je ne sais pas. Dans les expériences, vous savez, pas paranormales mais presque. C’est-à-dire avoir peut-être des lectures, des relations avec des personnes qui œuvrent dans ces thématiques-là, ce que je ne me suis pas permis avant.
N.B
: Est-ce que vous souhaitez ajouter autre chose ?
S. : Mes grands-parents étaient tout pour moi, ils m’ont élevée et ils me manquent quotidiennement.
N.B
: A nouveau, je vois, vous avez beaucoup d’émotions.
S. : J’ai jamais fait je pense ce qu’on appelle le deuil, je n’ai pas accepté vraiment. Je crois que je n’ai pas réglé ça. Souvent je leur parle. Je pense qu’on associe beaucoup justement « faire son deuil » à l’oubli.
N.B
: Non, ça n’est pas l’oubli, au contraire.
S. : Oui mais moi ils me manquent, je voudrais qu’ils soient encore là, ça m’embête. Pendant un moment j’ai eu l’envie d’aller les rejoindre.
N.B
: Après ce rêve, puisque vous devez les quitter, enfin c’est eux qui doivent partir, est-ce que pour vous c’était ok ? Cela ne vous a pas donné la même envie de les rejoindre après le rêve ?
S.
: Non. Et puis bon j’ai vieilli, j’avais envie de fonder une famille avec celui qui allait devenir mon mari à l’époque.
N.B. : Donc ça a été la douleur de la séparation dans ce rêve. Mais néanmoins moins intense qu’à l’époque où vous avez perdu vos grands-parents jeune, avec le besoin encore d’une présence parentale, d’accompagnement parental.
S. : Voilà, ça allait mieux entre guillemets, je n’ai pas eu cette envie. J’avais 25 ans, quelques mois après je suis retombée enceinte et cette fois ci c’était la bonne.
N.B
: Pour votre première fille.
S.
: Oui. »
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